Chez Déborah

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Une ombre dans la nuit

   Une ombre se glisse entre les lumières des réverbères. Doucement et sans un bruit, elle monte sur un toit. Elle bondit ainsi de maison en maison jusqu’à la Rue du Mystère. Atterrissant souplement sur la chaussée, un vrombissement lui fait tourner la tête. Une voiture approche. L’ombre l’observa quelques instants, alors que l’engin ralentissait. Ses yeux brillants fixent le conducteur. Puis, d’un geste ample, elle s’élance vers un buisson. Elle patiente quelques secondes. Sure que le danger est passé, l’ombre continue son chemin. Elle sait que ce témoin fortuit de son escapade nocturne ne la reconnaîtra pas puisqu’elle ressemble comme deux gouttes d’eau à ses frères et sœurs.

Prudemment, elle se glisse dans une ruelle sombre. Le fracas d’un couvercle de poubelle la fait se figer. Observant les alentours, elle voit un rat sortir des ordures. Soulagée, l’ombre reprend sa route.

Sans autres incidents de parcours, elle sort de la ville et s’enfonce dans la forêt qui la borde.

Ravie d’être presque à destination, elle accélère encore le pas, se laissant envelopper par les silhouettes des arbres noirs du bois. Ici, la lumière de la lune, même pleine, n’a pas de prise. Les grands chênes, bouleaux, ifs et saules font leur loi, régnant sur la faune et la flore. La nuit est l’amie de l’ombre. Grâce à elle, elle peut se promener impunément et faire un petit tour chez le poissonnier. La nuit, elle peut voir tous ses amis et celui qu’elle aime.

Courant à perdre haleine, elle apprécie chaque seconde, chaque sensation du vent qui l’ébouriffe. Enfin, une lueur, une maison, un foyer chaleureux. L’ombre ralentit puis franchit la porte et se dirige vers la cuisine. C’est qu’elle prendrait bien un bol de lait pour faire descendre tout ce poisson ! Comme si on l’avait entendue, un bol de lait tiède l’attend, entouré de six autres bols, mais vides.

Elle l’avale d’un trait puis, repue, elle se dirige vers le salon.

Un homme sort soudain d’une pièce attenante. L’avisant, il se penche vers elle, lui caresse brièvement la tête et continu son chemin vers la cuisine en baillant et en peignoir.

L’ombre continue. Arrivée au salon, elle s’allonge parmi ses frères et sœurs, tous aussi ébouriffés qu’elle, devant la cheminée, alors que le soleil se lève, prête à entamer une journée de sommeil.

Car, en effet, que ferait-elle donc le jour puisque c’est la nuit que sortent les chats ?



03/11/2013
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