Chez Déborah

Chez Déborah

Fin et commencement

Son cœur à elle bat la chamade. Son cœur à lui ne va pas moins vite. Le son autour d'eux est assourdi. Rien d'autre ne compte que ce qu'il y a au bout du chemin.
Au-dessus d'eux flottent les mots magnifiques de Khalil Gibran, grand poète et peintre libanais : nul ne peut peu atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit.
La nuit, pour eux, allait se terminer. Bientôt, leurs vies allaient à jamais cheminer ensemble. Bientôt, ils regarderaient ensemble dans la même direction.

Elle resserre ses doigts croisés, nerveuse. Lui, il la fixe, le souffle coupé. Elle est belle. Ce n'est pas la première fois qu'il le constate. Mais cette fois, c'est différent. Cette fois, elle est sublime, splendide, un ange tombé du ciel.
Elle avance lentement vers lui. Le pied gauche sur la deuxième marche et le droit sur la troisième, il se penche vers elle et lui tend la main. Elle dessert les doigts et la saisit. Doucement, il l'entraîne à lui et l'aide à gravir les cinq marches qui mènent à une grande table devant un immense bâtiment.
Une foule bruyante se masse aux pieds des marches. Des lumières volent autour d'eux. Ils s'en fichent, seul compte l'autre.

Il sait qu'elle l'aime, elle le lui a dit. Elle sait qu'il l'aime, il le lui a dit aussi, mais à sa manière.
Leurs souffles forment de petits nuages de buée devant leurs visages, dans l'air glacial.
Ils ont bien choisi. Même si la nuit a été dure, l'aube allait être magnifique.
Oui, le moment est excellent. Devant toutes ces personnes, le spéctateur principal étant le soleil levant, ils allaient sceller leur destin. Devant eux, prenant le ciel à témoin, chacun allait dire un mot, un seul, qui serait fatal.
Fatal pour le brouillard, la nuit, la solitude qu'ils vivaient jusqu'à ce jour, début de la grande aventure.

Plus loin, une cloche sonne. Il est six heures. Un homme élégant se campe derrière la table, à l'opposé des jeunes gens.
Le vent fait voleter les cheveux parfaitement coiffés de la femme.
Le nouveau venu commence à parler.
Les amants continuent de se regarder, en l'écoutant attentivement néanmoins. Ce moment est décisif pour leur futur.

Leur nuit se termine sur l'aurore. Ils ressentent les mots de Khalil Gibran.
En cet instant solennel, ils se souviennent. Ils se souviennent du long chemin dans le noir, celui parcouru avant leur rencontre, trois ans plus tôt. Ou était-ce la veille ?
Ils se souviennent de ce moment où ils s'étaient enfin trouvés. Le début de l'arrivée de l'aube. Les heures les plus sombres et les plus difficiles.
Des épreuves, ils en avaient eues plus qu'à leur compte. Mais maintenant, sous l'œil bienveillant de l'astre diurne à peine levé, alors que l'aube passe, les épreuves sont derrière eux.

Enfin, vient le moment de parler. C'est elle qui doit commencer. La voix vibrante d'émotions, elle dit le mot et enfin, s'enchaîne à l'homme qu'elle aime pour l'éternité.
Puis c'est le tour de ce dernier. Les yeux dans ceux de son aimée, il prononce lui aussi le mot et s'enchaîne à elle pour l'éternité.
Sous la bénédiction du maire et les applaudissements de la foule, ils s'embrassent. La neige commence à tomber.
En ce début du samedi 22 février, devant la porte de mairie, Luna et Dany venaient de se marier.



03/11/2013
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