Chez Déborah

Chez Déborah

Prologue

  Chaos. Ténèbres. Sang. Ces trois mots décrivent à la perfection la scène se déroulant à Lychtre, la belle capitale de Malackia.

Evangéline a mal. La hampe d’une flèche ennemie dépasse de son abdomen tandis que sa pointe de fer sort de son dos. Autour d’elle, Chevaliers Royaux et soldats de l’Elite Noire se battent. Tout lui semble si irréel… Elle voit, mais refuse de croire. Tandis que la vive douleur causée par sa blessure s’étend peu à peu dans son ventre, les bruits de la guerre se font de moins en moins distincts.

Devant ses yeux écarquillés, les soldats vêtus de noir emmènent femmes et enfants vers leurs lignes tandis que les derniers Chevaliers résistent vaillamment. Peine perdue… Ils tombent un par un sous les coups de ces bouchers envahisseurs. Les corbeaux planent dans le ciel, attendant la fin de la bataille qui ne saurait tarder. Alors que son ouïe s’amenuise de plus en plus, Evangéline entend des pleurs. Elle tourne la tête vers l’origine de ces lamentations et voit une petite fille traînée par un soldat. Elle ne veut pas partir. Sans doute fatigué par les protestations de la fillette, le soldat la décapite. Ce fut le dernier son qu’entendit l’impuissante souveraine : le cri de l’enfant se transformant en un gargouillis. Les larmes aux yeux, elle détourne le regard.

Elle voit alors deux tornades blondes qui font virevolter leurs armes pour bien la protéger, bien qu’il soit trop tard puisqu’elle est déjà touchée : Mina et Namie, les jumelles gardes du corps. Tandis qu’elle tombe, deux bras puissants la retiennent et, avant de se fermer, les yeux d’Evangéline croisent ceux de son sauveteur : deux magnifiques iris bleues faisant penser à l’océan et qui l’accompagne dans les bras du néant.

***

Dans une chambre gît un corps. Cette chambre, bien que banale, est confortable et, si les volets avaient été ouverts, lumineuse grâce à la grande baie vitrée qui perce le mur à gauche du grand lit à baldaquins. Dans ce même lit repose une jeune fille. Le drap blanc met parfaitement en valeur son corps élégant et qui possède une grâce bien visible. Ses longs cheveux brun-roux sont étalés sur l’oreiller, créant une auréole soyeuse. Un grand bureau trône en face du pied du lit et à son coté se trouve une commode blanche. Encadrant la porte, une immense bibliothèque emplie de livres, CD, DVD et jeux vidéo, fini de meubler majestueusement cette chambre.

La jeune fille ouvre les yeux, de magnifiques yeux verts qui vous font penser à une matinée de printemps ou à une balade en forêt par une magnifique journée d’été. Lentement, elle se redresse, le regard déjà alerte, captant et retenant les moindres détails. Ses premières pensées sont « Qui suis-je ? » et « Où suis-je ?». Puis elle se rappelle : Evangéline, elle se nomme Evangéline. Souveraine de Malackia, elle a tout perdu lors de l’invasion du pays voisin. Aidé de ses soldats d’élite, toute son armée en fait, le seigneur de Sombrasia a décimé l’armée des Chevaliers Royaux qui protégeaient Lychtre ainsi que tout le royaume… Evangéline se met à pleurer. Pourquoi ? Pourquoi a-t-elle survécu alors que ses citoyens, sa famille, ses amis ont tous péri ? La réponse s’impose d’elle-même à son esprit : pour sauver ceux de son peuple qui ont pu survivre. Oui… Elle retournerait là-bas, à Malackia, et sauverait son peuple, si jamais il reste un peuple évidemment. Et si jamais il n’y en a lus, elle le vengerait, elle sauverait au moins sa terre ! Oui, ce parasite sortira de gré ou de force de son magnifique pays avec perte et fracas ! Elle sèche ses larmes et se redresse, prête à se battre.

Tandis que cette résolution grandit en elle, elle entend le bruit de pas qui approchent. Son oreille attentive reconnait les pas de deux personnes. Trois, grand maximum, si l’une d’elles marche sur un tapis ou, tout simplement, sait se déplacer furtivement.

Profitant du temps qu’il lui restait, elle se cale, bien droite, dans ses oreillers, contre la magistrale tête de lit.

Enfin, elle est fixée : trois jeunes femmes entrent dans la chambre. Deux d’entre elles sont quasiment identiques : blondes, élancées, parfaites. Leurs yeux bleus glace expriment la même douceur mais Evangéline sait que leurs propriétaires peuvent être aussi insensibles que des pierres. Mina et Namie sont les jumelles qui lui servaient de gardes du corps et du cœur ainsi que ses meilleures amies.

La troisième jeune femme lui est inconnue. Rousse aux yeux verts foncés, elle attire le regard facilement grâce à un charisme plus que manifeste dans son maintien et aussi, il faut le dire, des atouts imparables.

La jeune souveraine prend alors la parole.

—Où suis-je ?

Après avoir pris une grande inspiration, Namie se lance.

—Sur la Terre mais dans une dimension différente…

—Laquelle ? Il y en a tant…

— No-Magic.

—Ah… Et qui est-ce ?, demande-t-elle en désignant la jeune femme rousse.

 

Cette fois, c’est Mina qui lui répond.

 

—Eléanore. Elle est l’une de ceux qui étaient chargés de te protéger secrètement. On l’a envoyée ici pour attirer l’attention sur elle. En fait c’est simple : les gens la remarque, elle s’entoure de personnes qui sont plus ou moins des amis et elle se fait plein d’ennemis. Ainsi, toi, en te faisant discrète, tu passes inaperçue et tu es protégée.

—En parlant de ta protection, reprit Namie, les généraux des bataillons quatre et six ont décidé de te protéger aussi en se… fondant dans la masse…

—C’est-à-dire ?

—Ils vont intégrer le même lycée que toi.

—OK. Attends une seconde ! Lycée ? Pourquoi devrais-je intégrer un lycée ? Et comment ça ce fait que je sache ce qu’est un lycée ?

—Toutes les connaissances qui te sont nécessaires pour donner l’illusion que tu as suivi un cursus scolaire normal t’ont été « données » instantanément au passage du portail, répondit Mina.

—Et si tu ne vas pas en coure tu te feras facilement repérer, renchérit Namie. Il faut que tu ais l’air d’être une jeune fille normale. La rentrée est dans une semaine, tu as donc sept jours pour finir de te remettre de ta blessure.

—Ma blessure… Oh non ! Que s’est-il passé après mon évanouissement ?

 

Les trois femmes de regardent, gênées.

 

—Dites-moi !

—Et bien… commença Mina, un chevalier t’a rattrapée et avec le reste de son bataillon, le six, on t’a emmenée à l’infirmerie. On était environ une centaine…

—À l’arrivée, continua Namie, on était plus que quatre en plus de toi… Moi, Mina, le général du bataillon et le chevalier qui te portait. Le général est resté dehors pour protéger la tente pendant qu’on créait le portail. Le chevalier ta déposée près de nous et à rejoins le général pour l’aider. Depuis on a aucune nouvelles du chevalier mais le général est là et souhaite continuer de te protéger.

—Et je vous ai rejoint il y a deux jours, fini Eléanore.

—… Quel est le nom du chevalier ?

—Sébastien.

—Merci. Maintenant je résume : mon armée s’est faite massacrer et, d’après mes souvenirs, mes citoyens aussi. Je suis coincée ici alors que je devrais retourner botter les fesses à l’autre parasite-envahisseur, et en plus dans un monde sans la possibilité de faire de magie !

—Ce n’est pas exactement ça, intervint Namie.

—Ah non ?

—En fait, la plupart des citoyens ont été réduits en esclavage et le reste de notre armée a été enrôlée de force dans celle du Seigneur Sombre.

—Je vois… C’est pire que ce que je pensais niveau souffrance mais bon, au moins j’ai un peuple à sauver, ce qui est bien plus positif que le premier bilan… Mais ça n’empêche pas qu’il faut agir le plus vite possible !

 

Evangéline soupire.

 

—Enfin… Quel est le plan pour reprendre mon trône, sauver notre pays et notre peuple ?

—Pour l’instant vous reposez et vous faire, en quelque sorte, oublier votre Majesté, répondit Eléanore, résumant ainsi la petite discussion que les trois femmes avaient eue avant de venir voir, encore une fois, si Evangéline était réveillée.

 

Nouveau soupir.

 

—Puisqu’il le faut… Je vais dormir encore un peu dans ce cas. 

 

Tandis que ses trois gardes du corps sortent, la jeune reine se rallonge en tournant le dos à la porte, plongée dans ses pensées.



03/11/2013
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